Les années
1919/1936 : un journal sur tous les
fronts
En 1919, Le Petit Parisien donne son
avis sur le bolchévisme : le 4 janvier, le
journaliste Claude Anet écrit « Bolchévisme
et tsarisme, c´est tout un ». En résumé, Lénine remplace le tsar, mais ce n´est pas mieux. Le 11 novembre
1919, jour du premier anniversaire de l´Armistice, commence alors,
au sein du personnel des journaux, une grève qui durera 3 semaines.
Les ouvriers imprimeurs réclament une augmentation de salaire de
cinq francs par jour. La Presse de
Paris, imprimée rue d´Enghien, est le seul journal à
paraitre.
Le 31 décembre, Jean Dupuy meurt.
L´évènement est d´importance : le président de la
République Poincaré assiste aux obsèques
et Clemenceau envoie un télégramme. C´est
dire l´influence des Dupuy et du journal, comme de la presse en
général, en France à cette époque. Ses deux fils, Pierre et Paul,
restent les gérants statutaires. Paul Dupuy dirige
alors La Science et La
Vie(l´actuel Science et Vie), une revue de la
société du Petit Parisien. Il succède à son père aux commandes du
journal. Pierre en est le codirecteur.
Paul Deschanel est élu président de
la République le 17 janvier 1920, en battant Clemenceau. Le journal
évoquera les moments de démence du président Deschanel, retrouvé
dans la nuit du 24 mai 1920 pieds nus et en pyjama sur une voie
ferrée. Le journal exprime aussi à cette période sa révulsion pour
le bolchévisme.
À partir de 1921, sous l’impulsion des rédacteurs en
chef, Léon Touchard puis Élie Bois, l´aspect du Petit
Parisien se modernise. Il se met aux grands reportages
internationaux accompagnés de photos et signés par Louis Roubaud, Albert Londres ou Henri Béraud, par exemple le reportage de
ce dernier sur l´indépendance de la République
d´Irlande en 1920. Le journal annonce la mort de Lénine le
22 janvier 1924, année également de l´élection de Gaston Doumergue à
l´Élysée.
Paul Dupuy s’intéresse aussi à la radiodiffusion et
lance le Poste du Petit
Parisien le 12 mars, la radio du quotidien éponyme dont les
studios et l’antenne sont installés dans l’immeuble du
journal, rue d’Enghien. Maurice Bourdet en est le
rédacteur en chef du Journal parlé.
Paul Dupuy meurt d´une fièvre typhoïde contractée lors
d´un voyage en Afrique du Nord, le 10 juillet 1927. Son frère Pierre reste seul aux commandes.
Il crée en 1928, la Société du Petit Parisien et d´Éditions,
une société en commandite par
actions.
Le Petit Parisien s´intéresse aussi au cinéma
et à la télévision, alors dans ses balbutiements. Le
8 mai 1930, Pierre Dupuy rencontre une première fois Mussolini, qui l´impressionne mais dont il se
méfie. Il
souhaite que cette entrevue ne soit pas
ébruitée.
Le Petit Parisien glisse politiquement vers
la droite avec un anticommunisme de plus en plus
virulent. En 1932, on enregistre une baisse sensible du tirage du
journal, qui se poursuit les années suivantes : est-ce du fait
de son nouveau positionnement ou bien encore de la concurrence
de Paris-Soir de Jean Prouvost ?
Le journal interviewe Gandhi grâce à la journaliste Andrée Viollis. Lors de l´accession
d´Hitler au pouvoir en Allemagne le 30
janvier 1933, le journal se montre au départ assez neutre. Mais en
mai, il commence à s´en méfier et dénonce son caractère dangereux.
Le 3 mai 1933, un article de Lucien Bourgès est titré « Mais
où va l´Allemagne ? ».
Concernant Mussolini, la méfiance est moindre. Pierre Dupuy
est l´artisan d´un accord
franco-italien, et est reçu « chaleureusement »
par Mussolini, selon Le Nouveau
Cri du 19 janvier 1935. Le 2 avril, Dupuy est même
nommé grand officier de l´Ordre de la Couronne
d´Italie et écrit une lettre de remerciement à
Mussolini.
Le pliage spécial d´origine de ce
journal (format poche), est
resté.